Obsolescence programmée : produits à durée de vie limitée

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Clavier avec une touche "poubelle"

Le sujet relatif à l'obsolescence programmée des appareils électroniques revient constamment sur la table. Les industriels font-ils exprès de vous vendre des objets dont la durée de vie ne dépasse pas 12 mois ? S'ils assurent que non, les associations de consommateurs ont tendance à penser le contraire.

Alors, l'obsolescence programmée, mythe ou réalité ?

Obsolescence programmée : qu'est-ce que c'est ?

L'obsolescence programmée en théorie

L'obsolescence programmée est l'idée selon laquelle les constructeurs choisiraient délibérément de créer des appareils fragiles :
  • De cette façon, les produits sont usés plus vite et le consommateur doit les racheter.
  • On distingue deux aspects principaux de l'obsolescence programmée :
    • fonctionnelle (l'objet tombe en panne, se casse ou n'est plus à la pointe de la technologie) ;
    • psychologique (l'objet devient passé de mode). 

Bon à savoir : depuis la loi n° 2015-992 du 17 août 2015, l'obsolescence programmée constitue un délit, défini à l'article L. 441-2 du Code de la consommation comme « le recours à des techniques par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d'un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement ». Ce délit est puni d'une peine de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 300 000 euros (article L. 454-6 du Code de la consommation). Il reste cependant difficile à prouver.

Quel impact sur le quotidien ?

Ainsi, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME) note que seuls 44 % des appareils électroniques en France sont réparés tous les ans :
  • En effet, peu de fabricants s'occupent de former du personnel qualifié pour réparer les appareils électroniques en panne.
  • De plus, la complexité des circuits électroniques des appareils les rend difficiles à réparer soi-même.
  • Plus encore, l'appareil peut nécessiter, pour fonctionner, des mises à jour qui ne sont pas téléchargeables. Il faut donc acheter la version suivante !

L'ADEME note également une hausse du coût des réparations des produits électroniques de loisir :

  • Les pièces détachées sont chères.
  • Les techniques de réparation sont de plus en plus complexes.
  • Finalement, acheter un produit neuf peut vous revenir moins cher que de faire réparer l'ancien !

Bon à savoir : on considère qu'il ne faut en moyenne que deux ans à un smartphone pour atteindre cet état d'obsolescence.

Obsolescence programmée : un mal utile ?

Aux détracteurs de l'obsolescence programmée, les industriels opposent plusieurs arguments.

Obsolescence et environnement

L'un des arguments avancés par les industriels est que l'obsolescence peut s'avérer, sur le long terme, meilleure pour l'environnement :

  • Par exemple, Peugeot a avancé l'argument selon lequel sa voiture 404, grâce aux améliorations successives qu'elle a subies, a fini par consommer moins d'essence.
  • Ainsi, la longévité des anciens modèles, plus gourmands en énergie, n'aurait pas profité à l'environnement.
  • À cet argument, on peut bien entendu répondre que la fabrication des nouveaux modèles et la mise à la casse des anciens génèrent une pollution qui compense largement les quelques litres d'essence économisés...

Obsolescence programmée : une invention ?

D'autres fabricants nient purement et simplement avoir recours à ce processus :
  • Pour prouver leur bonne foi, ils réalisent des sondages auprès de consommateurs, qui affirment avoir gardé leur réfrigirateur, machine à laver ou voiture plus de 10, 20 ou 30 ans.
  • Toutefois, ce procédé est discutable, les sondages étant réalisés sur un échantillon de consommateurs et pas sur l'ensemble des acheteurs.
  • Si la méthodologie utilisée pour constituer l'échantillon n'est pas précisée, mieux vaut ne pas se fier aveuglément aux chiffres...

Recherche du meilleur rapport qualité-prix

Un argument plus recevable serait que les industriels ont recours à des stratégies différentes pour calculer la rentabilité de leurs produits :
  • Certains privilégieraient la qualité avant tout, fabriquant ainsi des produits extrêmement résistants, voire garantis à vie... mais plus chers.
  • D'autres se focaliseraient sur la nécessité de baisser les prix pour rendre la marchandise plus accessible.
  • En conséquence, la qualité se verrait automatiquement altérée, le fabricant devant baisser ses coûts de production pour pouvoir réaliser un bénéfice sur le produit "low-cost".
  • Ainsi, l'obsolescence ne serait pas "programmée" perfidement par l'industriel, mais résulterait de la recherche d'un compromis entre la qualité du produit et son prix de vente.

Obsolescence psychologique : une réalité

Si la programmation de l'obsolescence technique par les industriels reste à prouver, l'obsolescence psychologique programmée, elle, est bien réelle :
  • C'est notamment le cas pour les smartphones :
    • Les publicités peuvent inciter le possesseur d'un modèle à acheter le suivant avant même que l'ancien soit en panne, invoquant des critères esthétiques ou l'apparition de nouvelles fonctionnalités absentes sur l'ancien modèle.
    • Ainsi, le fait d'avoir (ou non) le tout dernier modèle devient petit à petit un critère de reconnaissance sociale (ou non) au sein d'un groupe.
  • Même fonctionnement pour les vêtements, les consoles de jeu ou le matériel informatique.

Cette pression psychologique exercée par les fabricants et les publicitaires est réelle. Une fois que vous le savez, vous êtes tout à fait libre de l'accepter ou de la combattre ! Le tout est d'en avoir conscience.

Pour approfondir le sujet :

Ces pros peuvent vous aider