L’asymétrie d’information décrit une situation dans laquelle tous les participants à un marché ne disposent pas de la même information. C’est une imperfection du marché qui peut aboutir à une sélection adverse ou à un aléa moral. Les agents économiques mettent alors en place des stratégies pour contrer cette asymétrie d’information. Explications.
Asymétrie d’information : définition
Si, sur un marché, tous les intervenants n’ont pas accès à la même information, ce marché est caractérisé par une asymétrie d’information.
Exemple : dans le cadre d’un crédit, l’emprunteur est parfaitement informé de sa capacité de remboursement alors que le prêteur n’a pas cette information.
L’asymétrie d’information caractérise la grande majorité des marchés. En effet, les acheteurs et les vendeurs ne disposent que rarement de la même information.
L’asymétrie d’information peut concerner toutes les formes d’information : les composantes du prix, la qualité, le travail fourni, etc.
Asymétrie d’information : une imperfection du marché
Sur un marché parfait, c’est-à-dire qui respecte les conditions de la concurrence pure et parfaite (CPP), l’information est parfaitement symétrique entre les demandeurs et les offreurs. On dit qu’il est transparent.
Bon à savoir : un marché de concurrence pure et parfaite respecte cinq conditions : une atomicité des intervenants, une homogénéité des produits, une transparence, une libre entrée et sortie du marché et une libre circulation des facteurs de production.
Mais la CPP est un modèle théorique, qui ne décrit pas la réalité économique. C’est un modèle de référence qui sert à caractériser les marchés.
L’asymétrie d’information est une forme d’imperfection du marché.
Conséquences de l’asymétrie d’information
Cette imperfection du marché peut aboutir à une sélection adverse ou à un aléa moral.
La sélection adverse
George Akerlof est le premier économiste à avoir expliqué le principe de la sélection adverse.
Bon à savoir : George Akerlof est un économiste américain, né en 1940, qui a reçu le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, également appelé « prix Nobel d’économie », en 2001, pour ses travaux sur l’asymétrie d’information, avec Michael Spence et Joseph Stiglitz.
George Akerlof présente l’exemple du marché des voitures d’occasion (lemon cars), sur lequel les vendeurs et les acheteurs ne disposent pas de la même information. Le vendeur d’une voiture connaît parfaitement l’état de la voiture alors que l’acheteur n’a pas cette information.
Pour contrer cette asymétrie d’information, les vendeurs proposent des prix délibérément bas, au cas où les voitures auraient des vices cachés. Face à cela, les vendeurs retirent du marché les voitures de bonne qualité et ne laissent à la vente que les voitures de mauvaise qualité.
Ainsi, l’asymétrie d’information a pour effet que les mauvaises voitures chassent du marché les bonnes voitures, et le marché est inefficace.
Bon à savoir : on parle alors de « sélection adverse » ou d’« antisélection ».
L’aléa moral
L’asymétrie d’information est particulièrement présente sur le marché de l’assurance. Les assureurs couvrent un risque mais ils ne disposent pas d’information sur le comportement des assurés.
On parle d’aléa moral quand les assurés prennent davantage de risques ou modifient leurs comportements habituels parce qu’ils savent qu’ils sont protégés en cas de survenance d’un risque.
Exemple : une personne laisse les fenêtres de sa voiture ouverte parce qu’elle sait qu’elle est assurée contre le vol de sa voiture.
Stratégies pour faire face à l’asymétrie d’information
Face à cette asymétrie d’information, les agents économiques ont mis en place des stratégies pour forcer les intervenants à révéler l’information dont ils disposent.
L’intervention de l’autorité publique
Face à l’asymétrie d’information, les pouvoirs publics sont intervenus pour forcer les agents économiques à équilibrer les informations.
Exemple : pour vendre une voiture d’occasion, le vendeur doit avoir passé un contrôle technique il y a moins de deux ans pour limiter les vices cachés.
Dans le domaine des assurances, l’autorité publique a rendu obligatoire un certain nombre d’assurances pour faire face à la sélection adverse.
Exemples : l’assurance santé, l’assurance automobile ou moto, l’assurance habitation, etc.
Les clauses des contrats
L’une des façons de limiter l’asymétrie d’information est d’insérer dans le contrat de vente des clauses qui limitent l’action de l’un des intervenants si l’autre intervenant a dissimulé des informations ou a eu un comportement inadéquat.
C’est particulièrement le cas des contrats d’assurance qui limitent les cas d’indemnisation pour éviter l’aléa moral.
Exemple : l’indemnisation d’un vol de voiture ne pourra pas avoir lieu si le propriétaire a laissé la fenêtre ouverte.
La recherche d’informations
Dans d’autres cas, le contrat sera subordonné à l’obtention d’informations pour évaluer correctement une situation et que l’information soit symétrique.
Exemple : pour un crédit, une banque demande les renseignements nécessaires à l’évaluation de la capacité de remboursement.